Les premiers brochetons de la saison observés sur les herbiers des rives du lac de Hourtin-Carcans
Des suivis orchestrés par la FDAAPPMA en collaboration avec les acteurs locaux
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Depuis 2017, des travaux visant à identifier la période de reproduction du brochet et les conditions de déclenchement de leur ponte sur les lacs de Lacanau et de Hourtin-Carcans, sont mis en œuvre par la Fédération de Pêche et de protection des milieux aquatiques de la Gironde.
Concernant le brochet, deux objectifs sont poursuivis en parallèle : Identifier la période de reproduction du brochet en correspondance avec ses conditions et facteurs de déclenchement et estimer la productivité des zones humides en brochetons migrants et brochets adultes.
En ce moment, plusieurs fois par semaine les techniciens de la Fédération sont présents sur les lacs pour une relève des dispositifs de suivis.
Après cinq années de retour d’expérience, les données commencent à parler :
La reproduction du brochet se déroule dès la fin du mois de janvier et dure jusqu’au début du mois de mars sur les grands lacs médocains. La température de l’eau au jour du déclenchement estimé de la ponte varie de 8,6°C à 10,6°C selon les années, avec une période d’une dizaine de jours où la température de l’eau se maintient au-dessus 8°C. L’atteinte d’un niveau d’eau permettant la mise en eau des zones humides n’est pas à lui seul un facteur déclenchant la ponte. En effet une mise en eau précoce des zones humides ne suffit pas à déclencher la reproduction. Cependant l’atteinte d’une côte de 14,15m NGF pour le lac de Hourtin-Carcans et de 13,50m NGF pour le lac de Lacanau, permettent l’ennoiement de la majeure partie des zones humides situées en bordures des lacs. La mise en eau de ces zones ne peut être que bénéfique pour le brochet, car augmentant considérablement la surface propice à la ponte.
Le Brochet utilise différents supports végétaux pour la ponte.
La majorité des œufs et des alevins fixés ont été retrouvés sur de la végétation amphibie (Scirpe à nombreuses tiges, Jonc bulbeux, Littorelle à une fleur), sur des herbiers de pleine eau (Myriophylle, Egeria, Lagarosiphon) et sur des patchs de molinies. Très marginalement des pontes ont été observées sur des touradons de marisque et certains carex. Les observations d’œufs sur les herbiers de pleine eau laissent à penser que les géniteurs peuvent se rabattre sur les hydrophytes lorsque les côtes des lacs ne permettent pas la mise en eau des zones humides. Les herbiers des rives et aquatiques, sont, à la différence des zones humides, plus souvent en eau et surtout d’une année sur l’autre.
Des expérimentations de la Fédération par la mise en place temporaire de frayères artificielles (site du Trou du facteur à Carcans) ont montré une absence de ponte de brochet sur ces dispositifs. Ces frayères étaient en revanche utilisées par les macroinvertébrés aquatiques.
La densité de la végétation d’un site semble influer sur le choix de la zone de ponte des géniteurs : plus un site avait un couvert végétal important plus la fréquence d’observation d’œufs augmente. Une surface végétalisée approchant les 70% du recouvrement semble augmenter l’appétence des géniteurs pour le choix d’un site.
La quantité de ressource alimentaire (macroinvertébrés) pour les alevins n’est pas un facteur influençant la reproduction du brochet en tant que telle, mais cette disponibilité en nourriture conditionne la croissance et donc la survie des juvéniles qui subissent alors moins de compétition et de cannibalisme.
En parallèle depuis 2019, des travaux visant à évaluer la productivité réelle des zones humides, sont mis en œuvre et l’analyse des résultats sur 5 ans permettra de connaitre la productivité moyenne réelle des frayères sur le territoire des lac médocains et d’estimer ainsi plus finement l’état de la population de brochets des lacs par extrapolation de ces résultats. Les premiers résultats montrent déjà une productivité supérieure à ce qui était attendu!
Finalement, un programme de restauration des végétations est également mené par le SIAEBVELG en partenariat avec les communes et associations locales. Ces végétations, en plus de présenter une valeur patrimoniale importante sont corrélées au potentiel d’accueil de la faune piscicole : les captures de poissons lors des inventaires sont positivement corrélées au recouvrement par la végétation. Et plus un habitat naturel présente un recouvrement fort, cad une densité de végétation importante, plus il héberge une richesse spécifique élevée en poissons.